Le 23 juin 2004 !
Arrivent les premiers jours d’été, cortège de chaleur, de soleil et d’orage.
Un été chaud et doré,
l’air immobile et tranquille, le soleil qui brille et les oiseaux qui
babillent.
L’été est ma passion avec
ses rayons doux qui me caressent avec tendresse, le soleil ne peut s’éteindre,
mon cœur est à la fête.
L’épi mûrit, le champ
sourit, les fruits tombent, les nids sont faits, tout va bien !
J’envie les voisins qui
préparent bagages, chemises et tricots, culottes et maillots, foulard et
chapeau, savon et brosse à dent, ballon et cerf-volant…pour s’envoler sur les
plages du midi et du sable chaud.
C’est le temps des
voyages, mais je ne suis pas de la fête.
Mamama, ma
grand-mère, ma deuxième maman est
décédée.
Je suis dans une profonde tristesse malgré son bel âge.
J'ai vu son esprit se
dégrader, le courage l'abandonner.
Comme j'aimerais remonter dans le temps et voir à nouveau son sourire qui illumine tous les temps. Ces
temps où tout allait bien !
Souvenirs d’enfance heureux
Quand on grandit dans un foyer où se trouve une grand-mère, c’est un bonheur
de tous les jours.
Quand vous rentrez de
l’école, elle vous offre son plus beau sourire comme si cela faisait des
semaines qu’elle ne vous avait pas vu.
Elle s’intéresse à ce que
vous faites, ce que vous avez vécu, si vous allez bien.
Et elle prépare tous les
jours sans se lasser des bons petits
plats.
Par les froides journées
d’hiver, un bon chocolat chaud m’attend, des tartines avec de la bonne confiture
qu’elle préparait en été, et si des petits camarades se joignent à moi, elle
multiplie les tartines et les sourires et pour un moment, mes camarades ont eux
aussi une grand-mère.
Moi, je voulais bien la prêter un peu car au fond de mon
cœur, je savais que je serais toujours sa préférée, sans oublier mon frère.
Elle n’achetait jamais un seul cadeau, une viennoiserie, mais toujours deux,
une pour moi et une pour mon frère.
Je me souviens d’un jour d’hiver
où il a fait très froid et où je suis rentrée de l’école avec une grande faim.
En un tour de main, elle a
couru avec ses sabots en bois au poulailler et a cherché un œuf extra frais.
Elle l’a fait cuire à la coque, l’a ouvert dans une tasse et a coupé des
lamelles de pain que j’ai trempées dans ce succulent et simple met, un vrai régal !
Tous les samedis, elle
prépare des pâtes levées pour le
petit déjeuner du dimanche.
J’ai toujours été à côté
d'elle pour aider avec mes yeux, tourner la pâte avec le "Kochläffel"
(cuillère en bois) et pour lécher le bol à la fin des préparations.
Ma grand-mère prépare les
gâteaux sans recette, sans livre, sans verre à mesurer et magie, ils sont toujours,
sans exception, délicieux ! J’ai
longtemps regardé, durant des années, mais je n’ai jamais fini par être aussi
douée qu’elle.
Le tablier
En semaine, mamama porte une robe ainsi qu’un tablier. Quand elle était petite, il n’existait pas beaucoup
d’habits de rechange alors pour protéger la robe qui était difficile à laver
parce que le tissu n’était pas en coton, les filles portaient un tablier, sauf
le dimanche.
Mamama a
gardé cette coutume. Et le tablier, c’est utile à tout plein de choses, pas
seulement pour protéger la robe.
Il sert à retirer la tarte
aux pommes du fourneau, transporter
les œufs du poulailler jusqu’à la cuisine ainsi que les fruits et légumes de la
cave à la table, il fait office de soufflet
qu’elle agite au-dessus du feu de bois pour ranimer le feu, essuyer mes larmes et ma frimousse sale
s’il n’y a rien d’autre sous la main et me sert d’abri lorsqu’un inconnu vient
à l’improviste.
Mon papa trouve que c’est
plein de microbes, mais je n’ai
jamais rien attrapé sauf son amour.
Le dimanche elle est une
dame très élégante. Elle est belle et
bien habillée. Elle prépare tout avant notre départ pour l’église : la
belle robe, un collant qui s’appelle des jarretelles et qui se fixent avec des
trucs vraiment bizarre à un truc encore plus bizarre qui s’appelle un corset et
qui fait qu’elle peut à peine respirer, mais bon au moins ça tient bien car les
collants c’est uniquement beau quand ça tient bien, si non cela fait négliger.
En hiver, elle met un
beau manteau, des gants en cuir, un chapeau et les belles chaussures cirées
avant le grand jour.
En été, elle lave les
cheveux le samedi soir, elle enroule les bigoudis et met un filet pour
maintenir le tout. Je me demande comment on peut faire pour dormir avec des
trucs durs sur la tête, mais bon il semble qu’il faut souffrir pour être belle.
Moi, elle me plaît aussi sans bigoudis.
Le lendemain, c’est le grand coiffage et ses belles boucles
réapparaissent à peine sous le magnifique chignon maintenu par des épingles à
deux fourches et des mini-peignes, un côté droit et un autre côté gauche.
Parfois, je suis mandatée pour vérifier si toutes ces épingles et ces peignes
tiennent sur la tête.
Mamama n’a
pas le permis de voiture et pour
aller en ville elle prend l’autobus.
Elle s’autorise ce plaisir de temps à autre et elle en profite pour aller dans
une pâtisserie et déguster un éclair avec un bon café. Ma maman dit que c’est
son péché mignon.
Je l’accompagne de temps à
temps, j’aime aussi les éclairs mais que ceux à la vanille.
Je porte une jolie robe,
je suis élégante comme elle quand nous sommes de sortie. Je ressemble à mamama,
je suis elle en miniature.
Tout d’un coup ma robe est
toute tachée sur le devant, du rouge
sort de mon nez. Grand-mère est toute
paniquée et m’emmène à la pharmacie la plus proche.
La pharmacienne est très
gentille avec nous. Elle essaye d’abord de rassurer ma grand-mère.
Moi, je ne comprends pas
pourquoi elle s’affole comme ça, je n’ai même pas mal, je suis juste mécontente
de devoir me promener le reste de la journée avec des taches sur ma robe, et
d'avoir laissé mon petit coussin à la maison qui m’aurait permis de les cacher.
Mais je ne dis rien, je
veux juste que ma grand-mère qui d’habitude à toujours une solution pour chaque
problème se calme.
Une autre pharmacienne met
un coton jaune dans la narine et hop ! Tout est arrangé.
Grand-mère refait un sourire et
j’aperçois sa dent en or, tout va bien, nous allons pouvoir continuer notre
journée.
Et devinez ce que je
reçois, une jolie robe toute neuve et
toute belle que j’ai le droit de choisir (bleue et rose) un chapeau et des lunettes
pour me protéger du soleil.
Et pour fêter et
immortaliser cette belle journée, elle
m’emmène chez un photographe car elle me trouve d’une grande beauté.
Tu es la personne qui connaissait l'histoire familiale mieux que
quiconque, nous voilà bien démunis.
C'est grâce à toi que nous sommes en vie car tu as généré la vie
de notre papa
Ma grand-mère
bien aimée, tout au long de ma vie,
tu m'as construit un merveilleux paradis, tu as semé de multiples graines d'amour. Tu as partagé mon bonheur et mes peines.
Quand mon frère et moi nous sommes nés, tu nous as pris par la
main, nos larmes tu as séchées, ton amour tu nous as donné, tu as toujours
été à nos côtés, tu as toujours trouvé les mots justes pour rassurer et
consoler. Et combien de fois ton énergie nous a été consacrée et sacrifiée.
Je suis ta préférée mais tu as aussi dit à mon frère qu'il était
ton préféré car il n'y a pas de compétition, chacun de nous deux a eu sa place
qui lui est dédiée dans ton cœur.
Je te remercie pour toutes
ces belles années que j’ai pu passer à tes côtés, pour tout ce que nous avons
partagé mais surtout pour l’amour que tu m’as donné.
Je te rends hommage pour ton sens de l'humour,
ton cœur compatissant, une patience sans faille, pour tout ce que tu as été et que tu as fait par ta richesse et ta
sagesse.
Vole ma petite grand-mère, ma petite fleur, à jamais tu seras dans mon
cœur. Je te dis adieu ma mamama
à moi et je te remets à Dieu.
Rejoins tous
ceux que nous avons aimés et tous ceux qui nous ont quittés.
Que les anges te donnent la main pour t'emmener à l'autre bout du
chemin. On restera ensemble ici
pour la vie. A tout jamais nous serons connectées.
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