Tôt le matin, un coup de téléphone résonne, c'est ma mère qui
m'annonce le décès de mon père.
Je ne suis pas prête
papa. Tes pas s'arrêtent, tu pars pour un autre voyage. Ton départ est comme une
porte qui claque, un silence qui
hurle.
Un père qui part, c'est l'enfance qui s'enfuit et la tristesse
qui déshabille.
Le père c'est le présent et l'avenir, la plus douce prière, le
plus grand repère.
Oui, ce n'était pas
toujours le paradis, mais j'aurais quand même préféré te voir mourir avec
des cheveux blancs et un front large et ridé.
Je viens te voir à l'hôpital, mais ton corps vide sans toi à l'intérieur m'est insupportable.
Je reste en retrait et j'observe la tendresse infinie, les
paroles et les gestes d'une douceur et d'une bonté qu'on ne peut dessiner car
il faudrait encore inventer d'autres couleurs, que notre maman te donne sur le
chemin : c’est surprenant c’est comme si j’observais pour la toute
première fois des gestes de tendresse entre mes parents .
Ton visage semble tout d'un coup apaisé car ta vie était devenue
souffrances, tu as souhaité cette mort et tu semblais l'attendre avec
impatience.
L'église se remplit à ton enterrement, beaucoup de gens te
rendent hommage ; tu étais si jeune.
Des témoignages de gens que je ne connais à peine m'apprennnent que
tu as toujours rendu service, que tu as aimé la musique et la nature, on dirait
qu'en un instant tu es devenu un saint, mais pourqoui n'a-t-on pas dit ces
belles choses de ton vivant.
Un homme dit à ma mère que les enfants sont grands à présent, qu'ils
entrent dans la vie adulte. Sous-entendu ? les enfants n’ont plus besoin
de leur père ?
Mais c’est quoi être adulte, la transition entre l’enfance et
l’âge adulte, donc la fin de l’adolescence? La fin des études, l’entrée dans le
monde du travail, le départ de la maison familiale, l’autonomie financière, la
majorité civile, la fondation d’une famille, un corps qui se transforme?
J'ai 17 ans, mais je n’ai pas le cœur assez grand pour comprendre tout cela.
Je sais juste qu’il était bon de vivre dans l’innocence, de demeurer dans l’enfance où la mort est absence, où règne seulement
la jouissance.
Mais voici venu le temps de la fin de l’enfance , où j’ai
découvert, papa, que tu n’es pas un ange
.
Je n’arrive pas à pleurer et pourtant j’ai mal, je ne dis rien
et pourtant je ressens de la peine et du chagrin.
Je ne montre rien et pourtant tu es si important pour moi.
Ma bouche est devenue muette, pas de mots, pas de sons qui s’en
dégagent, mon cœur saigne pour évacuer ces mots que je ne peux pas exprimer. Je
me sens abandonner.
Papa tu t'es éloigné de moi, tu n'avais pas le droit car j'avais
encore tant besoin de toi pour avancer, tu devais encore guider ma barque.
Le mot papa a cessé de résonner et d'exister ???
Papa je ne t’ai jamais dit que je t’aimais si fort que je t’admirais avec mes yeux d’enfants, toi mon plilier, mon héros, ma forteresse.
Tu m’as bordé, soigné,
consolé, aimé, choyé, écouté…
En ta présence, il
n’y avait pas d’ennuis car ils
s’éffaçaient sans faire de bruit.
Tu as mis des couleurs
dans mes yeux, tu as été mon phare
dans la nuit, tes valeurs, ton honnêteté a balisé le chemin de ma vie.
Quand j’ai grandis, j’ai fait l’expérience que toi mon papa
grand et fort tu es humain avec tes
forces et tes faiblesses.
Malgré mes déceptions et les difficultés qui ont rythmé ma vie, tu as été pour moi un chemin de tendresse et d’amour que tu as semé et qui jamais ne s’effacera.
Malgré mes déceptions et les difficultés qui ont rythmé ma vie, tu as été pour moi un chemin de tendresse et d’amour que tu as semé et qui jamais ne s’effacera.
J’ai dû faire beaucoup de deuils quand tu es parti. Deuil, que
tu ne seras pas là physiquement à mon mariage, à la naissance de mes enfants,
aux différentes fêtes de l’année…
Aujourd’hui, j’arrive à te pleurer, à accepter que je ne peux changer des choses, avoir le courage de changer ce qui peut
être changer et la sagesse d’en connaitre la
différence.
Aujourd’hui, je sais que tu as fait comme tu as pu.
J’ai des yeux qui ne
voient que le meilleur de ce que nous avons vécu, un cœur qui pardonne, un esprit qui oublie le mal, aime et ne garde que le bien.
A présent, tu as un autre
chemin à parcourir, une nouvelle
porte à ouvrir, d’autres dimensions
à explorer, d’autres âmes à retrouver… Alors papa emmène mon amour et veille sur moi et donne moi de temps un temps
un signe car finalement même si tu n'es pas là, tu es partout où
je suis.
Vole mon papa d'amour, rejoins la lumière pour toujours,
toi qui aurais dû être le présent, l'avenir, la plus douce prière, le plus
grand repère.
Papa, emmène notre chanson de Mireille Mathieu, que je t’ai si
souvent chantée et que tu as tant aimée : Demain, c’est nous et demain plus de guerre, demain partout les canons
dormiront sous les fleurs, un monde joli où l’on vit sans peur. Que la paix soit sur le monde pour les cent mille ans qui viennent,
donne-nous mille colombes à tous les soleils levants. Donne-nous mille colombes
et des millions d’hirondelles. Faites un jour que tous les hommes redeviennent
des enfants."
Il n’y a pas de remède contre la peine et le chagrin, chacun
emprunte le chemin de la reconstruction comme il le peut et à son rythme.
Mais je sais que jamais tu ne m’as lâché la main et que là où tu es
ta main et la mienne seront toujours unis !
Papa, tu resteras comme une lumière qui me tiendra chaud
dans les longues nuits d’hivers, comme un petit feu de toi qui ne s’éteind pas.
Merci !
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